En général, les moments de la semaine qu’Ezra préfère, c’est quand il peut aller boire un café – ou une bière, surtout une bière, ça rend plus joyeux et moins fébrile, quoique – avec ses potes. Retrouver Valentina sans ses enfants est une espèce de délivrance qu’il n’osait pas espérer. Il faut dire que depuis la rentrée, deux de ses nouveaux élèves, une paire de jumeaux plutôt casse-cou, lui font la misère. Ezra qui n’a pourtant jamais eu trop de mal à gérer une classe se retrouve démuni face à cette paire de frangins et en toute honnêteté, les parents n’ont pas vraiment l’air d’être du genre à gérer la discipline de leurs chérubins. Au contraire. Bref, c’est chez Gail’s qu’il retrouve son amie ce week-end, et il a déjà hâte de pouvoir cracher son venin sur les petits Mulciber au carré, chose qu’il évite soigneusement de faire en salle de profs. Pas que ses collègues ne rêvent pas de l’entendre un jour cesser de relativiser, mais il ne voudrait surtout pas qu’un gamin l’entende par inadvertance et n’empire la situation.

Lorsqu’il s’engouffre hors du métro, c’est l’air frais de septembre qui l’accueille. Ezra croise les bras sur sa poitrine dans une vaine tentative de se protéger du vent puis slalome entre les passants jusqu’à la boulangerie où l’attend probablement déjà Valentina. Le brun n’a jamais été un as de la ponctualité, il faut bien l’avouer. Aujourd’hui cependant, il n’a que cinq minutes de retard sur le planning. En entrant, il adresse un petit signe de la main à son amie qu’il repère pas trop loin avant de s’insérer dans la file pour commander. Cinq minutes plus tard, il s’assied face à cette dernière, attendant sa commande. « Hiya ! Désolé pour le retard, tu me connais… » Il hausse les épaules, à peine ennuyé. « Alors, ta semaine ? »